Un ami, touché par le plaisir d’écrire des textes et de les jouer, avait fait la démarche d’entrer à l’Académie de Berchem-Sainte-Agathe. Un jour, il m’a asséné : « Ca y est, je t’ai inscrite au cours de Mademoiselle Munter ! Tu commences demain ! » J’y ai fait trois ans ! La Crécelle, la troupe d’amateurs de cette Académie, cherchait une « femme-de-trente-ans » et, nantie seulement de ma première année de cours, je me suis retrouvée à jouer « la méchante maîtresse » dans Blaise. Le choc : je devais rassembler le peu que j’avais appris, pour en sortir au milieu d’un tas de gens tout à fait aguerris dont Nathalie Stas, qui fait maintenant une belle carrière professionnelle, déjà en germe à l’époque. Finis les conseils d’un professeur rien que pour vous dans une scène rien que pour vous. Je ne savais même pas dans quel sens… me retourner !
L’Escapade, c’est parce que j’ai rencontré le metteur en scène Pierre Dumaine dans… le bus. Il m’a dit que l’on cherchait une dame pour Un meurtre est annoncé et l’on a bien voulu de moi ! C’était il y a neuf ans déjà.
Tous les rôles laissent quelque chose, mais celui que j’ai adoré, c’est celui de la tante Marina dans Les rustres : la « mama » dans toute sa splendeur, tendre , bavarde, calculatrice, mais un volcan de colère quand son rustre de mari veut la garder à la maison. Toute l’Italie que j’aime ! Et jouer en costume du XVIIIe ne gâtait rien ! J’aimerais d’ailleurs reprendre ce rôle, un jour, à L’Escapade, tant que mon âge me le permet encore... Par contre, un souvenir angoissant fut, quand j’ai été obligée de chanter, seule, à un balcon, dans L’assemblée des femmes. La peur de rater à chaque représentation !
Un spectacle professionnel qui me revient, en bon souvenir : Silence en coulisses ! au château du Karreveld. Les gens riaient tellement qu’au troisième rang, il était parfois difficile d’entendre ce que disaient les comédiens ! Délirant, évidemment parfaitement joué, époustouflant de rythme, de talent et de précision millimétrée dans les entrées. Inoubliable. La preuve !
Le théâtre, pour moi, c’est être, à l’exagération, ce que l’on n’est pas dans la vie et trouver la posture, le ton, les tics parfois qui disent le personnage.
C’est aussi une machine à plaisir : celui de travailler avec des gens qu’on aime bien, d’arriver à donner corps à quelque chose qui, avant, n’existe pas de la même façon et de faire cadeau au public de ce bonheur en le partageant.
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